Neuropathie auditive : bientôt des prothèses adaptées grâce à l’IA

24/02/2024

Entendre sans comprendre : 10% des malentendants ne présenteraient pas de perte auditive, et pourtant, ils ne parviennent pas à comprendre les mots. Pour eux, les aides auditives sont inefficaces, alors, il y a trois ans, le Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine (Ceriah) a lancé la première initiative « visant à mettre en place une solution adaptative de bout en bout basée sur l’IA pour les patients souffrant de perte auditive ». Ils cherchent des volontaires.

Il existe deux formes de surdité : une perte d’audibilité (on entend moins les sons faibles) et des distorsions (on comprend mal les sons, ils semblent distordus). Dans le deuxième cas, on parle de neuropathie auditive (10% des surdités) ou Troubles du Spectre de la Neuropathie Auditive (TSNA). Cette pathologie, due à une altération du système nerveux périphérique, entraîne une mauvaise compréhension des mots. Les personnes qui en souffrent entendent bien mais ne comprennent pas, ne détectent pas correctement ni la mélodie, ni le rythme, ni la direction des sources. Or s’il existe à l’heure actuelle des appareils auditifs pour amplifier et filtrer les sons, rien n’a encore été mis au point pour aider les neuropathiques auditives. C’est pourquoi, en mars 2022, le Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine (Ceriah), hébergé par l’Institut Pasteur, a lancé l’étude Refined avec pour objectif de fabriquer un appareil auditif doté d’une intelligence artificielle adaptée à cette pathologie.

Des algorithmes testés sur une quarantaine de volontaires

« Le premier objectif du projet REFINED est de traiter les sons de parole dans les différents cadres de neuropathie auditive. Il s’agit, en présence de sources sonores concurrentes, de débruiter et clarifier la parole sans l’amplifier, en fonction des besoins individuels. Le deuxième objectif se concentre sur le portage des algorithmes de traitement de parole vers les cibles très contraintes en termes de complexité calculatoire et de consommation d’énergie que sont les aides auditives », explique l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique).

 

Concrètement, pour identifier les besoins des neuropathiques, les chercheurs vont commencer par réaliser des tests sur les volontaires, en leur faisant par exemple écouter des phrases déformées par du bruit ou hachées. Des chercheurs de l’Université de Loraine testeront ensuite des algorithmes sur une quarantaine de volontaires, des jeunes actifs, une moitié entendant bien et l’autre souffrant de neuropathie auditive. Ils prévoient de les revoir tous les ans et de leur proposer des algorithmes de rehaussement de la parole. Enfin, en fonction des résultats de l’étude, le commissariat à l’Energie atomique (CEA) mettra au point des prothèses auditives dotées d’une IA capable de séparer la parole du bruit ambiant.

 

Si vous souhaitez participer ou si vous avez des questions sur l’étude : ceriah-refined@pasteur.fr

Raphaëlle de Tappie