Protéger l’audition résiduelle, lors de l’implantation cochléaire

6 mars 2024

Pour certains patients, les aides auditives ne sont plus suffisamment efficaces, ni à droite, ni à gauche pour compenser la surdité. Alors, il faut parfois avoir recours à un implant cochléaire.

L’implantation cochléaire consiste à mettre en place, chirurgicalement, directement dans la cochlée, un système qui va stimuler électriquement le nerf auditif et ainsi redonner des sensations sonores au malentendant. Mais la pose de l’implant détruit parfois le peu d’audition qui reste au patient. La préservation de cette audition résiduelle est donc essentielle à la fois parce que cela permet une meilleure intelligibilité de la parole dans le bruit, après l’implantation mais aussi parce que ce risque de perte d’audition décourage certains patients de tenter l’opération.

Une biotech française

La société française de biotechnologie Sensorion, spécialisée dans le développement de thérapies pour restaurer et prévenir la perte auditive, travaille depuis des années sur un candidat-médicament baptisé le Sens-401 destiné à protéger l’audition résiduelle lors de l’implantation cochléaire.

Dans le processus de développement des médicaments, on appelle candidat-médicament le composé qui satisfait suffisamment de critères en termes d’efficacité et de sécurité afin d’être utilisé dans des essais cliniques, notamment sur des humains. Le Sens-401 est composé d’Arazasetron, une petite molécule pouvant être prise oralement dont l’objectif est de protéger et préserver les tissus de l’oreille interne, contre les dommages pouvant entraîner une perte d’audition progressive ou séquellaire.

Un essai clinique en cours

Un essai clinique de phase 2a du Sens-401, destiné à évaluer son efficacité (après avoir vérifié son innocuité) est mené actuellement en partenariat avec la société Cochlear, spécialisée dans les implants cochléaires. Ce médicament semble montrer son efficacité, avec une perte d’audition bien moins importante chez les patients traités avec le Sens-401 que pour ceux qui n’ont pas reçu le médicament. Le candidat-médicament semble bien se propager dans le système auditif. La présence du Sens-401 est confirmée dans la la cochlée, chez 100% des patients après 7 jours d’administration orale biquotidienne, ce qui signifie que le critère principal de cette étude clinique a bien été atteint.

28 patients impliqués

Notons qu’au total, 28 patients font partie de cet essai. Ils ont commencé le traitement sept jours avant l’implantation et ont continué à recevoir le médicament pendant quarante-deux jours supplémentaires. Sensorion prévoit de publier les résultats complets de l’étude au cours du troisième semestre 2024.

Hannah David