Longévité : et si porter des appareils auditifs était la clé ?

9/03/2024

D’après une nouvelle étude américaine, les adultes malentendants qui utilisent régulièrement un appareil auditif ont plus de chances de vivre plus longtemps.

Plusieurs études ont déjà mis en lumière l’intérêt des prothèses auditives pour la santé des malentendants. Aujourd’hui, une nouvelle étude américaine parue dans The Lancet Healthy Longevity en janvier 2024 va encore dans ce sens. D’après les chercheurs, « les adultes malentendants qui utilisent régulièrement un appareil auditif présentent un risque de mortalité 24% inférieur à ceux qui n’en portent jamais ».
Entre 1992 et 2012, aux Etats-Unis, 10 000 adultes ont participé à une enquête sur la santé et la nutrition. A partir de leurs examens auditifs et de questionnaires concernant l’utilisation de prothèses, des scientifiques de l’Université de Californie du Sud ont identifié que moins de 13% des malentendants seulement portaient régulièrement un appareil auditif. Pire encore, parmi les personnes atteintes de perte auditive, 8 sur dix n’en auraient jamais porté.
Les évaluations terminées, les chercheurs ont suivi les patients pendant dix ans en moyenne. Ils ont ainsi pu constater que les appareils auditifs protégeaient considérablement les malentendants. Preuve en est, une différence de près de 25% observée dans le risque de mortalité entre les utilisateurs réguliers d’aides auditives et les autres. Et ce, quelque soient le degré de la perte auditive, l’âge, le revenu, l’origine ethnique ou encore les antécédents médicaux du patient, insistent les chercheurs, qui cependant restent prudents.

Audition et santé mentale

« Comme il s’agit d’une étude d’association basée sur une cohorte, nous ne sommes pas en mesure d’évaluer la relation causale (par exemple, si la perte auditive mène directement au décès ou si l’utilisation d’une aide auditive mène directement à une vie plus longue) », explique Janet Choi, oto-rhino-laryngologiste et première autrice de l’étude. Ces résultats devront donc être confirmés par d’autres études, même si « mener un essai contrôlé randomisé sur l’utilisation des aides auditives sur la mortalité n’est probablement pas réalisable ». Si les scientifiques ont pris en considération un maximum de facteurs, il en manquait certains qui auraient pu jouer, comme par exemple le statut cognitif des patients.

Quoiqu’il en soit, cette recherche va dans le sens de précédentes études sur le même thème. En 1018, Hélène Amieva et son équipe avaient notamment détecté un lien entre la perte d’audition et la dépendance, la démence et la dépression.  Ainsi, « les améliorations de la santé mentale et de la cognition, associées à une meilleure audition, peuvent favoriser une bonne santé globale, et donc accroître la durée de vie », résume Janet Cho.

Dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), d’ici à 2050, près de 2,5 milliards de personnes seront atteintes d’une déficience auditive plus ou moins prononcée et au moins 700 millions d’individus auront besoin de services de réadaptation.

Raphaelle de Tappie